Dès1560 les familles Zobel Seeler, Sammeler, inventèrent toutes sortes de constructions et d'installations pour l'exploitation du sel. Leurs affaires n'étaient pas très brillantes, ils demandèrent souvent des allègements, car la salinité était trop faible, et l'éloignement entre sources et locaux trop grande .En1577 un privilège est accordé aux fermiers des salines.Il interdit la contrefaçon des installations inventées par les fermiers sur le territoire d'Aigle. En1582, création de la saline de Roche, douze kilomètres de conduites en bois, à travers les vignobles d'Aigle et de Roche.
La conduite qui amenait l'eau, était percée par des fontainiers au moyen de gros perçoirs à bras. Il fallait choisir des bois bien droits, surtout des mélèzes. Les ouvriers les plaçaient sur le parcours en évitant les contre-pentes, qui auraient provoqué des dépôts de sel ou de terre. Les anciens ouvrages sur les mines déplorent la destruction des forêts pour la construction de ces conduites et la cuite de l'eau. Pourtant, en ce temps là, les bois étaient abondants et de peu de valeur. Cependant effrayés de voir les forêts s'éclaircir dangereusement, Berne décide en1685 que les forêts deviennent propriété de l'état.
L'eau du puits de Panex était extraite d'une profondeur de 50 pieds sans pompe ni moteur, avec un siphon en bois. Une longue branche était descendue près du fond pour aspirer l'eau la plus salée, et une autre suivait le sol de la galerie en pente. Pour éviter des rentrées d'air, on barrait la galerie près du puits, et l'on faisait monter l'eau dans celui-ci assez haut pour que le coude du siphon plongeât dans une certaine quantité d'eau, et ne se désamorçât, jamais ou rarement. Le robinet en réglait le débit pour ne pas dépasser le produit de la source, afin d'éviter une baisse de la salure .Mais les tuyaux de bois avaient un inconvénient, il fallait les vider ou les réparer, alors on essayât en 1814 des tuyaux de toile comme pour les pompes à incendie, mais ce ne fût pas concluant.
Pour obtenir un kilo de sel, il fallait évaporer 48 litres, ce qui rendait l'évaporationdirecte impossible.Toute une préparation se faisait avant de la livrer aux chaudières, c'était la graduation. Il y avait des grands hangars, avec des immenses bassins remplis de paille, sur laquelle on déversait l'eau, une partie de terre et de tuf s'attachait à la paille. Cette eau, répartie sur une grande surface, s'évaporait et cette liqueur salée était rendue plus forte, mais pas plus que 8 ou 9%.
Le combustiblele employé était encore le bois, c'est pourquoi les emplacements des salines étaient toujours près des forêts et des torrents, car on envoyait le bois par la Grande -Eau et l'Eau-Froide.L' eau ainsi enrichie était cuite sur place, ou envoyée vers la plaine. Durant l'hiver, elle était stockée dans un réservoir de 2500 m3, en -dessous de Salins . Celui-ci a été creusé à la cisette et la massette dans l'anhydrite, par les mineurs durant les années 1724 à1730 .Ce sont plus de 3500 mètres cubes de rocher qui ont été arrachés à la montagne.
Panex avait une maison de cuite (c' est la seule à cette altitude) et 3 autres bâtiments tous situés à l'ouest. Il reste à Salins un pilier, des six qui existaient de toutes ces constructions.
Peu à peu il se produisit dans les sources de Panex, une diminution de la salure, qui amena la fermeture de la saline d'Aigle. L'eau de Panex fut amenée aux Dévens par une conduite crée en 1801. Longue de 7,5 kilomètres, elle servit durant 31 ans. Elle est à l'origine du Sentier du sel.
La première maison de Salins aurait été construite en1681 (sur une habitation plus ancienne avec jardin fermé de cloisons, selon inventaire de 1678) et terminée en 1684 par le gouvernement Bernois. Cette construction servait de logement au personnel, et figure sur le plan de 1710. Elle a aussi servi de prison pour des ouvriers récalcitrants. La date 1721-27 qui figure sur la façade correspond à la nouvelle construction, avec l'aspect qu'elle a aujourd'hui, notamment avec l'adjonction de la tour. C'était la maison pour le facteur des salines, et la cave a été aménagée pour la graduation. Selon une légende, les plans de Salins auraient été inversés avec ceux de la cure d'Ollon.
Salins deviendra le logement de fonction de l'inspecteur forestier en 1838, tout en servant de prison jusqu'en 1900. En 1905, la maison est divisée en appartements l'un destiné à l'inspecteur forestier au premier et l'autre au rez pour les bûcherons. Puis, plus tard en colonie de vacances, pour des enfants ayant une santé fragile. De cette époque, date l'installation de sanitaires à chaque étage dans la tourelle, et de l'échelle de secours entre les combles et le premier. Actuellement, toujours propriété de la commission des forêts, elle est louée à des particuliers pour des réunions, ou manifestations..